Vibrant succès de la première édition de Konpa Kingdom

À la veille du nouvel An, la musique haïtienne a pris place au Barclays Center à Brooklyn, New York. L’affiche a entraîné dans son sillage, des milliers d’Haïtiens déterminés à passer un bon réveillon et à faire un saut élégant en 2024. La majorité des artistes devant assurer le show et l’assistance avaient Haïti et le souci d’être bien mis en commun. Ils se sont mis sur leur trente et un. Nonobstant certaines attentes non comblées, citons en exemple un front commun des stars partageant l’affiche, cette première édition de Konpa Kingdom qui s’annonce déjà un rendez-vous récurent est un succès irrécusable.

La campagne de publicité entourant l’événement ne laissaient en rien présager une telle affluence. Arrivée au Barclays plus de 90 minutes avant le début du spectacle, votre chère reporter fit l’expérience de voir la salle du Barclays se remplir, en un rien de temps, d’Haïtiens de bonne humeur et prêts à faire la fête. Le temps de faire un tour de coulisses et de faire le point avec des consœurs et confrères, le show était prêt à être lancé : 9 heures tapantes. L’on n’en attendait pas moins pour un spectacle prévu dans le mythique Barclays, en plein New York, un 31 décembre.

Surprise, c’est le groupe Zafèm qui démarre le show. Quelques minutes avant ces messieurs de tous les records pour l’année 2023, DJ Stakz (King of New York) amusait le public. Il cède le devant de la scène à Carel Pèdre, MC de la soirée, puis au chanteur Clints qui eut pour tâche d’interpréter la Dessalinienne. Comment lancer une soirée dont l’objectif est de célébrer les 220 ans de la nation haïtienne sans prendre le temps de correctement chanter l’hymne national de la première république noire au monde ? Bon point pour les organisateurs. Sauf que le chanteur, également choriste de Zafem, pécha sur certaines notes de l’hymne national. Le trop-plein de variations fit ressortir des fausses notes. Ce n’est que mon avis de profane. Je fais partie de ceux qui chantent faux, surtout sur la Dessalinienne. Cependant, je connais par cœur les paroles de l’hymne national de mon pays. Ayisyen nou ye.

Il en faut très peu à la bande à Réginald Cangé et Dener Céïde pour conquérir un public. Le tour fut joué avec des danseurs, dont les chorégraphies ont spécialement été choisies pour mettre différents rythmes de la musique haïtienne en valeur, l’interprétation de certains titres de leur premier album à succès et une reprise de « Lanmou doudou » de Jackito. L’euphorie du public a fait le reste. Chapeau au danseur Robenson Mathurin qui a introduit la prestation du groupe sur une chorégraphie mettant en valeur les tambours!

Oswald délivra l’une des meilleures prestations de la soirée. Il a compris sa responsabilité à Konpa Kingdom et il a délivré. Avec une intro calquée sur le célèbre film « Un prince à New York », et une tenue en adéquation avec ce thème, la voix de « Solo » en mis plein la vue aux spectateurs. Tout y était, la présence scénique, la voix, les pas de danse, surtout la réaction de l’assistance. Cette dernière a été bon enfant et a repris en chœur les chansons de l’artiste.

Vint ensuite le tour de dame Rutshelle Guillaume. Manteau de velours noir, paire de lunettes noires, la rebelle introduit sa prestation avec une interprétation de la chanson « I wanna dance with somebody » de feue Whitney Houston. C’était le Barclays, pourquoi ne pas profiter pour prouver que l’on est polyvalente ? Captivante comme d’habitude, madame a délivré un beau show, mais quand même trop court. Au moment où l’on s’attendait à se délecter de « Rete la », ce fut fini. Elle eut le temps d’interpréter également son titre « M pa la ankò ». Quelqu’un a remarqué comment les pores de la dame transpiraient « SUPERSTAR » au moment où elle enlevait ses lunettes et son manteau. Mezanmi ! Dix minutes de prestation étaient décidément trop courtes.

Cela fait un moment déjà que Kaï nous a habituées aux prestations de ces danseuses lors des grands rendez-vous. Mais c’est la métamorphose de Richard qui nous sauta une autre fois aux yeux. Chapeau l’artiste ! « Jije » et « Koupab » sont parmi les titres choisis pour l’occasion. Parlant de juger, pourquoi a-t-on l’impression que la prestation de Kaï fut la plus longue ? Se te bal nou ? La reprise de la méringue carnavalesque « Dife » de Carimi et Mikaben a été très appréciée. L’assistance était debout, drapeaux en main, sautant dans tous les sens.

Puis, ce fut le tour de Joe Dwèt File. Simplicité sur toute la ligne et prestation en playback. Heureusement que le public connaissait toutes les chansons de l’artiste. Les différents membres de l’assistance ont chanté à tue-tête particulièrement sur la chanson « Fè m voye ». Le français prit un bain de foule un instant puis remonta sur scène son verre en main. Le qualificatif “Désinvolte” ne cesse de m’effleurer l’esprit en me remémorant sa prestation. Il sait pourtant mieux faire. 

Dj Stazk a été l’un des acteurs les plus actifs du show offert à Konpa Kingdom. Au fur et à mesure que les groupes d’artistes défilaient, il gardait l’ambiance du Barclays au top. Cédant çà et là la place au maître de cérémonie. 

La formation musicale Nu-Look a hérité du quart d’heure avant le passage au nouvel An. Entre deux accords, Arly, visiblement préparé pour la mythique scène (Maes la te fre) du Barclays, introduit Carel et Jay Upscale, initiateur de Konpa Kingdom pour le décompte. L’on s’attendait à jouir des nouveaux sons du groupe, mais Arly préféra jouer la carte de la prudence laissant ses fans s’approprier un peu plus l’album ou alors il a d’autres plans. Peu importe, le public a aimé. L’on veut voir Nu-Look sur scène maintenant. En concert. 

Vayb est le dernier groupe à avoir performé. L’hommage de Mickaël Guirand à Mika reste l’un des moments forts de la soirée. Alors que les chansons de feu Mika ont toute la soirée retenti, le lead vocal de Vayb est monté sur scène vêtu du drapeau haïtien comme lors de la dernière prestation de Mikaben et a interprété le célèbre titre « Vole ». Jude Deslouche donna une prestation sur un medley des chansons « Je ferai » et « Mayday ». Ensuite, l’artiste Baky s’est frayé un chemin au cours de la prestation du groupe. Non, Baky n’était pas au top de sa forme. Il aurait définitivement pu mieux faire. Il eut la bonne idée d’honorer la mémoire de l’artiste Asap Yesus, récemment disparu: «Dodoma cheri di m sa w genyen … di m sa w genyen », répétait le public en chœur. Sinon … Passons !

Mickael revient sur scène. Shabba a été comme une surprise puisqu’il n’était pas annoncé. Puis ce fut fini. Microphone débranché. Lè a rive, limyè limen. 

Ce qu’on n’a pas vu à Konpa Kingdom

Étant donné que les artistes et groupes présents à l’événement ont des tubes en commun. L’on s’attendait à des prestations communes. Ce n’était définitivement pas trop demandé quand on sait que l’un des objectifs de Konpa Kingdom consiste justement à mettre la culture haïtienne en avant. N’était-ce pas le moment de donner l’exemple d’unité qui avait jadis abouti à la formation de la première République noire ? Kaï-Rutshelle, Rutshelle-Oswald, Oswald-Vayb, Nu-Look-Joe. Bon bref ! Okay, votre reporter, est une espèce d’idéaliste et oui, oui, c’est compliqué dans le milieu musical, me dites-vous. Le tube « Ou pa vle » n’a même pas été repris par Vayb et Baky alors que techniquement certains musiciens de Vayb accompagnaient Baky. Okay, okay, j’arrête de me lamenter. C’est compliqué et difficile, n’est-ce pas ?

Le précédent paragraphe n’enlève rien à l’exploit du 31 décembre 2023. Plus d’une dizaine de milliers de personnes étaient réunies au Barclays. Tous n’avaient que la musique haïtienne en tête. C’est quand la dernière fois qu’autant d’Haïtiens se sont réunis pour célébrer Haïti ? Pour la prochaine fois qui sera définitivement mieux, de la publicité sur une période plus longue ne sera pas de trop. Encore aujourd’hui, 3 janvier 2024, une Haïtienne habitant au New Jersey depuis plus de 10 ans m’a demandé comment j’ai pu trouver un billet, vu que c’était annoncé tardivement. Tout au moins, l’information lui est tardivement parvenu. Bon, à ce que je sache, des tickets étaient toujours disponibles, le jour même. Aucun incident (que je sache. Bravo !

Certains espaces de ventes ont proposé de la soupe (soup joumou) au public. C’est le cas du restaurant Zanmi (Djon Djon). Il en faudra plus la prochaine fois. Et il faudra en indiquer l’emplacement exact. Sinon, un afterparty après le concert. Oui, oui, j’en connais qui ne voulaient pas rentrer. 

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Vivement la prochaine édition.

Par Par Glorieuse Nelson

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