L’hôpital pédiatrique Saint-Damien, pilier dans la lutte contre le cancer infantile

Alors que depuis 2017 les estimations ont montré qu’il allait y avoir une augmentation annuelle entre 10 et 15 pour cent des enfants malades du cancer, l’hôpital Saint-Damien reste, jusqu’à aujourd’hui, le seul à traiter les cancers pédiatriques sur tout le territoire d’Haïti. La pédiatre Joëlle Denis, vice-présidente de la Fondation haïtienne anti-cancer infantile (FHACI), en appelle à l’aide.

Alors que des parents haïtiens continuent de faire face à la réalité des cancers infantiles qui touchent un enfant ou un adolescent âgé de 0 à 14 ans, la réalité médicale n’a pas changé depuis 2004. « Pour tout le territoire d’Haiti un seul hôpital pédiatrique, Saint-Damien Nos petits frères et sœurs (inauguré en 2004) et spécialisé dans la prise en charge des enfants souffrant de cancer », a déploré la pédiatre Joëlle Denis, vice-présidente de la FHACI, intervenant sur Magik 9 le mardi 26 décembre 2023.

La rareté des établissements dédiés à cette cause en Haïti fait de cet hôpital une bouée d’espoir pour de nombreuses familles confrontées à la dure réalité du cancer chez leurs enfants. Les seules statistiques disponibles pour les cancers pédiatriques en Haïti sont celles de l’hôpital Saint-Damien. « On ne peut pas faire une extrapolation à partir de ces données puisqu’on ne connaît pas la réalité au niveau national », a déclaré la pédiatre Joëlle Denis.

En dépit de cette triste réalité, l’hôpital n’est pas exempt des conséquences de la crise sécuritaire qui sévit dans le pays, regrette la vice-présidente de la FHACI. « L’hôpital a une capacité de 200 lits, dont 150 pour les enfants uniquement. Entre 2022 et 2023, il n’y a eu que 17 lits disponibles. Avec la situation sociopolitique et économique délétère du pays, la capacité d’accueil de l’hôpital est réduite à 14 lits », a révélé la pédiatre, rappelant qu’à de nombreuses reprises des membres du personnel médical et administratif de l’hôpital ont été kidnappés ces deux dernières années.

En termes de chiffres sur la situation du cancer infantile en Haïti, Joëlle Denis a rappelé qu’en 2013, « 40 enfants ont été diagnostiqués d’un cancer. On a atteint un pic de 87 enfants souffrant du cancer en 2018. La quantité a diminué en 2018 avec 68 malades », a fait savoir le médecin, précisant que seulement deux oncologues pédiatres sont disponibles pour les enfants à l’hôpital.

« En 2017, nos estimations ont montré qu’on allait avoir une augmentation annuelle de 10 à 15 pour cent des enfants malades du cancer. De 2020 à 2023, le nombre des enfants admis à l’hôpital a progressivement diminué. De janvier à septembre 2023, on a reçu près de 35 enfants pour les nouveaux diagnostics de cancers. Cela ne veut pas dire que les enfants malades du cancer en Haïti ont diminué, mais de préférence qu’ils ne peuvent tout simplement pas accéder à l’hôpital », a-t-elle fait remarquer, expliquant que les signes de cancer chez l’enfant sont différents par rapport aux adultes.

« Comme partout dans le monde, le cancer le plus fréquent en Haïti, se basant sur les données de l’hôpital Saint- Damien pendant les quinze dernières années, est la leucémie. Ensuite, il y a la tumeur dans les reins, la tumeur du cerveau, le rétinoblastome (tumeur dans les yeux) et le cancer dans les os », a indiqué la vice-présidente de la Fondation haïtienne anti-cancer infantile.

Selon le médecin, la détection précoce des signes et symptômes, les soins appropriés peuvent  augmenter le pourcentage de survie chez les enfants atteints d’un cancer. « Malheureusement, les signes de cancer sont des signes généraux chez les enfants. La perte de poids, une fièvre chronique, les ganglions, saignements anormaux sur la peau sont des signes qui doivent être examinés en urgence chez un enfant pour s’assurer qu’il n’a pas un cancer en processus d’évolution », a expliqué Joëlle Denis, soutenant que d’une manière générale, quelle que soit la manifestation d’un problème de santé chez un enfant il doit être consulté par un pédiatre.

Selon la vice-présidente de la FHACI, un diagnostic de cancer dans le contexte haïtien ne veut pas dire automatiquement que c’est un arrêt de mort. Cependant, la spécialiste a insisté sur le fait que le diagnostic doit se faire à temps. « Le plus important, c’est l’éducation des parents. Il y a des enfants qui vivent après les traitements. Pi bonè se granm maten», a-t-elle déclaré, révélant que pour les nouveaux cas entre octobre 2022 et septembre 2023, il n’y a eu qu’un seul décès.

Related posts